Les révélations de Marocains ayant participé à l’invasion migratoire à Ceuta
Par Kamel M. – «Si les autorités espagnoles ne nous avaient pas refoulés manu militari, le Maroc se serait vidé de ses habitants», a lâché un migrant clandestin qui a fait partie des milliers de Marocains qui ont traversé la mer pour rejoindre l’Espagne. «La police marocaine nous a laissé passer alors que la Garde nationale espagnole nous a barré le chemin», a renchéri un autre qui a fait une grave révélation sur la «passivité» des forces de sécurité marocaines. Ont-elles reçu l’ordre d’accompagner une opération planifiée à Rabat ?
«Tout le monde à Fnideq pâtit de la fermeture de la frontière par les Espagnols, y compris les policiers et les douaniers qui tiraient profit de la contrebande. Ce sont eux qui nous ont incités à nous rendre en masse à Ceuta pour briser le siège imposé au nord du Maroc où les citoyens vivent de cette activité lucrative», a affirmé un jeune Marocain qui n’a pas manqué de souhaiter longue vie au roi Mohammed VI. C’est que parmi les 6 000 candidats à la migration clandestine se trouvaient des agents marocains missionnés pour organiser ce «lâcher» de façon étudiée. Les médias occidentaux ont, en effet, lié cette action spectaculaire au froid qui caractérise les relations entre Rabat et Madrid depuis que l’Espagne a accepté de recevoir le président sahraoui pour des motifs médicaux.
Mais le Makhzen n’avait pas besoin d’appeler ses sujets à un tel acte suicidaire – plus de 1 000 enfants, dont un grand nombre en bas âge, étaient de l’expédition. «Pour nous, c’est une question de vie ou de mort», s’est écriée une femme qui confie qu’un grand nombre de Marocains sont au bord de la famine. Le constat peut paraître un tantinet exagéré mais le fait est que, réellement, la situation sociale au Maroc est extrêmement délicate. «Il n’y a rien à tirer de ce pays, nous n’avons plus rien à y faire, nous préférons risquer nos vies pour atteindre l’autre rive de la Méditerranée que de mourir à petit feu ici !» s’est exclamé un chef de famille qui a cru pouvoir être accueilli en Espagne dans un élan humanitaire. Il n’en fut rien.
Le gouvernement espagnol a été obligé de mobiliser l’armée pour faire face à l’afflux massif de Marocains dont la traversée a été planifiée via les réseaux sociaux, nous apprennent des jeunes venus de villes du centre et même du sud du royaume. Si les autorités espagnoles ont été surprises par cette marée humaine qui a accosté chez elles, l’information circulait sur Internet depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans que, sans doute, on ait pris la chose trop au sérieux.
Ce qui s’est passé à Ceuta a, en tout cas, le mérite de confirmer la grande misère qui règne au Maroc et de déconstruire la fausse image idyllique que les médias marocains et français ont tenté de vendre à l’opinion internationale sur une monarchie marocaine «aux grandes qualités» en matière de «bonne gouvernance». «Le Maroc, ce n’est pas le Marrakech du rire et les tours que Mohammed VI érige à coups de milliards empruntés à ses mécènes du Golfe pour que Casablanca ressemble à Dubaï. Le Maroc, ce sont des dizaines de millions de sujets qui n’arrivent pas à assurer le minimum vital et qui se surprennent à se délester de leurs biens pour pouvoir se nourrir», explique-t-on.
Le Makhzen s’est mis à dos toute l’Europe. Ce n’est plus à l’Espagne et à l’Allemagne que Rabat devra faire face, mais à l’ensemble de l’Union européenne, France exclue, Paris ne pouvant pas se tirer une balle dans le pied en lâchant son treizième territoire d’outre-mer.
K. M.
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