Appels à punir la négation des crimes de guerre commis par la France en Algérie
Par Mohamed K. – «La négation de l’holocauste commis par les nazis à l’encontre des juifs durant la Seconde Guerre mondiale est punie par la loi en France, alors que les crimes perpétrés par l’armée coloniale en Algérie peuvent être révoqués en doute sans que cela donne lieu à quelque poursuite judiciaire», dénoncent des Algériens de France qui s’indignent de la position d’un historien français qui allègue que les massacres du 17 Octobre 1961 «sont imaginaires». En effet, Bernard Lugan, connu pour son animosité envers l’Algérie, s’est fendu d’un long article relayé par les milieux d’extrême-droite dans lequel il reprend un passage de son livre intitulé Algérie, l’histoire à l’endroit, auquel, dit-il, il ajoute «quelques éléments essentiels à la compréhension du montage culpabilisateur qui [nous] est imposé».
L’«historien» à la moustache en guidon qualifie les actes de résistance algériens de «terrorisme visant à prendre le contrôle de la population algérienne vivant en France» et inverse les rôles, faisant de la police française la victime et des manifestants algériens les bourreaux, en affirmant que les faits rapportés par les académiciens, les hommes politiques et les témoins «relèvent de la légende et de la propagande». Selon lui, «tout repose sur des chiffres inventés ou manipulés à l’époque par le FLN algérien et par ses alliés communistes». Usant d’un sarcasme déplacé, il prétend que «même les morts par accident de la circulation» ont été comptabilisés parmi les victimes durant ces événements. Poussant le mensonge encore plus loin, il affirme, sans sourciller, que ce jour-là, il n’y eut qu’un mort et ce n’était pas un Algérien mais un «Français métropolitain» et s’acharne à faire croire que les «prétendus» massacres du 17 Octobre 1961 «constituent un exemple extrême de manipulation de l’histoire».
«De telles allégations, si elles concernaient la Shoah, ne seraient pas restées sans une vive réaction en France», estiment nos interlocuteurs qui se disent persuadés que «les plateaux des chaînes de télévision française auraient saturé le débat à l’unisson pendant plusieurs jours en invitant un tout-venant de spécialistes pour tirer à boulets rouges sur les auteurs de propos niant l’existence des camps d’extermination nazis et la justice aurait été saisie immédiatement pour faire appliquer la très sévère loi française relative au traitement barbare infligé à la communauté juive vingt ans auparavant». «Il est grand temps que les Algériens fassent valoir leur droit à une loi similaire», estiment-ils.
M. K.
Comment (34)