Application des principes de la propagande de guerre : cas du Mali
Une contribution de Jonas Finoude(*) – En travaillant sur la propagande de guerre, Michel Collon en a déterminé cinq principes que sont : cacher les intérêts, cacher l’histoire, diaboliser l’adversaire, se présenter en défenseur des victimes et monopoliser et empêcher le débat sur la guerre. Par ces principes, les puissances prédatrices façonnent l’opinion nationale et internationale contre les autorités qui ne se plient pas à leurs desiderata tout en légitimant la guerre qu’elles leur imposent.
Le Mali ne déroge pas à la règle : il y a une féroce propagande contre ses autorités transitoires dont la volonté est de remettre le pays sur les rails. Il est d’ailleurs imposé à ce pays le terrorisme afin de perpétuer le chantier du pillage. Comment procèdent-elles ?
Cacher les intérêts
Dire qu’on part au Mali pour l’uranium, le pétrole, l’or ou le gaz, ce serait vendre la mèche et prendre le risque de se mettre son propre peuple à dos et éveiller le courroux du peuple malien.
Les forces prédatrices étrangères cachent donc les véritables intérêts pour lesquels elles sont sur place en arguant : le péril terroriste et les risques de dislocation de l’Etat malien, alors que ce terrorisme et les velléités indépendantistes sont entretenus par ces mêmes pompiers pyromanes.
Cacher l’histoire
En vérité, l’histoire est que, depuis des siècles, à l’instar des autres pays africains, le Mali a été victime d’esclavage, de colonialisme et, aujourd’hui, de néocolonialisme bâti sur des piliers tels que la Françafrique.
Le Mali, n’échappant pas au système de pillage, a été, et continue d’être, victime de la prédation internationale avec la complicité de ses dirigeants véreux. Lequel système a plongé la population dans la pauvreté et jeté une frange de la jeunesse dans les bras du terrorisme. Mais a-t-on intérêt à ce que cette histoire se sache des peuples du monde entier ? Absolument pas.
Sinon, ces peuples en accord avec le peuple malien réclameraient devant les juridictions compétentes le départ des forces prédatrices étrangères et la poursuite des autorités, aussi bien nationales qu’internationales qui ont contribué à pourrir la vie des Maliens.
Diaboliser l’adversaire
L’adversaire ici, ce sont les forces révolutionnaires qui veulent remettre le Mali sur les rails. Mais étant entendu que les puissances prédatrices étrangères n’ont pas intérêt à ce qu’elles réussissent leur mission, ces puissances et leurs laquais les accusent d’exactions, de violations des droits de l’Homme, d’accointances avec des soi-disant mercenaires russes, de volonté d’accaparement du pouvoir traduite par un refus d’organiser les élections, de chasses aux sorcières…
Se présenter en défenseur des victimes
Du coup, ces puissances hostiles présentent leur action comme salvatrice et se font passer pour des défenseuses des victimes, sinon des droits de l’Homme en général.
Pourtant, leurs armées ne sont ni plus ni moins que des armées d’occupation dont la présence a aggravé la montée du terrorisme plutôt que de l’enrayer, de même que les organisations non gouvernementales qui produisent de faux rapports pour discréditer les forces révolutionnaires. Tout ceci pour faire croire en leur rôle salvateur.
Monopoliser et empêcher le débat sur la guerre
Ainsi, pour tromper les peuples du monde et continuer la sale besogne, leurs médias mainstream répètent en boucle ces inepties et monopolisent le débat sans qu’il soit possible aux autorités transitoires, sinon aux forces révolutionnaires, de se défendre.
Que retenir ?
Après ce tour d’horizon, on comprend que tout ceci est présenté comme étant fait dans l’intérêt du peuple malien. Mais peut-on connaître l’intérêt des Maliens plus que les Maliens eux-mêmes ?
En Afrique, on dit qu’on ne peut raser la tête de quelqu’un en son absence. N’en déplaise alors à qui veut l’entendre, c’est aux Maliens de décider de ce qui leur convient. Halte donc aux manipulateurs et donneurs de leçons.
En définitive, il apparaît que les principes de la propagande de guerre servent à manipuler l’opinion nationale et internationale pour justifier le dessein machiavélique savamment orchestré depuis l’extérieur et de connivence avec les thuriféraires locaux.
Mais, c’est mal connaître la vérité : toutes les dents peuvent lui être arrachées. Elle continuera quand même à mordre là où ça fait mal.
Voilà pourquoi toutes les forces vives maliennes et africaines doivent se mettre en branle pour soutenir les forces révolutionnaires et déjouer ce plan impérialiste forgé contre le Mali et l’Afrique en général.
J. F.
(*) Analyste en géopolitique
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