Pourquoi notre ambassadeur à Paris regagne son poste plus tôt que prévu
Par Abdelkader S. – Le retour imminent de Mohamed-Antar Daoud en France ne signifie pas que tout est rentré dans l’ordre. Des sources proches du dossier ont, en effet, indiqué à Algeriepatriotique que l’amorce d’un dialogue sur lequel Alger et Paris se sont mis d’accord nécessitait qu’un représentant officiel algérien du rang d’ambassadeur soit la courroie de transmission entre les autorités des deux pays. Or, il n’est pas possible d’entamer cette démarche, annoncée par Jean-Yves Le Drian lors de sa visite-éclair à Alger, en maintenant les canaux de communication entre les deux capitales au niveau actuel. Des sources autorisées avaient, à ce propos, démenti, il y a quelques semaines, que ceux-ci aient été complètement rompus, en soulignant que l’ambassadeur de France à Alger était toujours en poste et qu’un chargé d’affaires avait été maintenu à l’ambassade d’Algérie à Paris.
Le retour de Mohamed-Antar Daoud s’inscrit dans le cadre du retour graduel à la normale, comme nous le précisions dans un précédent article. Cependant, le contexte politique français interne agité a changé la donne. L’Algérie, premier partenaire commercial et économique de la France dans la région, comptant quelque six millions de ressortissants dans l’Hexagone et liée à la France par un lourd litige historique, est directement impactée par la course à l’Elysée. La montée de l’extrême-droite, qui montre ses crocs à quelques encablures de la présidentielle de 2022, et l’avancée spectaculaire réalisée par le candidat Eric Zemmour, particulièrement remonté contre les Algériens envers lesquels il nourrit une haine viscérale, contraignent l’Algérie au principe de réalité qui se doit donc d’adopter la realpolitik qui dicte qu’une victoire d’Emmanuel Macron soit considérée comme un moindre mal.
«Il n’y a pas de candidat en dehors d’Emmanuel Macron pour aller plus loin dans la consolidation de nos relations avec la France, y compris sur le contentieux mémoriel», précisent des sources informées. «Eric Zemmour, Marine Le Pen et l’extrême-droitisation de la droite patriotique poussent Alger au pragmatisme», ajoutent nos sources, qui expliquent que Mohamed-Antar Daoud reprendra bientôt ses fonctions «car il est concerné au premier chef par la mise en œuvre de ce fameux processus graduel de normalisation qui devrait s’achever après les élections présidentielles» françaises. «Les Français ont fait le premier pas et ils ont donné des garanties quant au respect absolu de la souveraineté de l’Algérie», poursuivent nos sources.
«Le retour de notre ambassadeur à Paris ne veut pas du tout dire que l’Algérie ait répondu à une demande française, c’est une décision souveraine en phase avec ce que nous voulons comme perspective de nos relations incontournables avec la France», insistent, enfin, nos sources.
A. S.
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