Joe Biden appelé à annuler la déclaration de Trump sur le Sahara Occidental
L’expert américain en droit international Stephen Zunes a appelé le président américain, Joe Biden, à «immédiatement» annuler la décision unilatérale de son prédécesseur, Donald Trump, de reconnaître la prétendue «souveraineté» du Maroc sur le Sahara Occidental, car il en va de la «crédibilité» des Etats-Unis et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
«Pour le bien du peuple du Sahara Occidental et de la crédibilité des Etats-Unis (…), Biden doit immédiatement annuler la reconnaissance américaine de la conquête du Maroc», a déclaré Stephen Zunes, auteur et professeur de sciences politiques à l’université de San Francisco. Dans un article paru récemment dans le magazine américain The Progressive, l’expert en droit international rappelle que le président Joe Biden avait souligné que «tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international». «Empêcher un pays d’étendre son territoire par la force était un principe fondateur des Nations unies, et il est inscrit dans leur charte», rappelle encore Zunes.
Ce dernier regrette par ailleurs que, malheureusement, «de sérieuses questions se posent quant à savoir si l’administration Biden soutient réellement cette norme juridique internationale fondamentale». Il relève que les cartes de l’Afrique du Nord des Nations unies, de National Geographic, de Rand McNally (une société américaine de technologie et d’édition qui fournit des cartes) et autres dépeignent la nation du Sahara Occidental sur la côte atlantique, située entre le Maroc et la Mauritanie, tandis que les cartes du gouvernement américain «montrent le pays comme faisant partie du Maroc, sans que rien ne délimite les deux».
Le Sahara Occidental – officiellement connu sous le nom de République arabe sahraouie démocratique (RASD) – a été reconnu par 84 pays et est un Etat membre à part entière de l’Union africaine (UA). Le Maroc a envahi cette nation, alors connue sous le nom de Sahara espagnol, juste avant son indépendance prévue de la domination coloniale en 1975.
Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations unies ainsi que la Cour internationale de justice ont tous affirmé officiellement le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination et pendant des décennies, aucune instance internationale ou gouvernement étranger n’a reconnu le Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc.
Cependant, au cours des dernières semaines de son mandat, l’ex-président américain Donald Trump a unilatéralement reconnu la prétendue «souveraineté» marocaine sur le pays occupé.
Dans le même article, l’expert s’est intéressé à la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. S’appuyant sur les rapports de Human Rights Watch (HRW), Amnesty International et d’autres groupes de défense des droits humains, le professeur américain attire l’attention sur la répression généralisée des militants pacifiques pour l’indépendance du Sahara Occidental. Il dénonce l’usage par les forces d’occupation marocaines «de la torture, des passages à tabac, des détentions sans procès et des exécutions extrajudiciaires» contre les Sahraouis.
Freedom House a classé le Sahara Occidental occupé par le Maroc deuxième en matière de privation des droits politiques.
R. I.
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