La France a-t-elle joué un rôle dans l’étonnant retournement de l’Espagne ?
Une contribution de Mohsen Abdelmoumen – Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez vient de provoquer un tollé général, tant au niveau international que dans son propre pays, en décidant unilatéralement de s’aligner sur le plan d’autonomie du Sahara Occidental concocté par le Maroc, et ce au mépris du droit international et des résolutions de l’ONU. Celle-ci a aussitôt réagi par la déclaration du porte-parole du secrétaire général, Antonio Guterres, qui a rappelé que «le conflit au Sahara Occidental doit être résolu avec un engagement total des parties dans le processus facilité par l’ONU». Dujarric a également encouragé ces parties à soutenir les efforts de l’envoyé de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, «visant à reprendre le processus politique de négociation entre les parties au conflit». Il semble que Sanchez ait cédé au chantage du Makhzen marocain de déverser sur l’Espagne une immigration massive et d’inonder le pays avec la drogue et le terrorisme. On reconnaît bien là les méthodes perfides du Makhzen qui est capable de tout pour arriver à ses fins.
Ainsi, lorsque l’Espagne avait accueilli le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, pour une hospitalisation, Rabat avait rappelé son ambassadrice à Madrid et avait lâché les foules sur l’enclave espagnole de Ceuta. Le même scénario s’est reproduit à Melilla le 8 mars dernier où des milliers de réfugiés se sont rués sur les clôtures frontalières. Quoi qu’il en soit, si Sanchez a cru protéger l’Espagne en cédant aux promesses du roi débauché et en croyant à la sincérité d’un junkie, il a une première réponse avec la publication par le Maroc des extraits de la lettre qu’il a adressée au roi d’opérette Mohammed VI. Sans cela, personne n’aurait rien su de ce que d’aucuns, y compris en Espagne, appellent une trahison. Et ce n’est qu’un début. Puisque nous abordons le sujet du Maroc, nous en profitons pour demander à ce que les centaines de milliers de Marocains, près d’un million, qui travaillent en Algérie soient renvoyés chez eux. Ils n’ont rien à faire chez nous.
Bachir Mustafa Al-Sayed, le ministre conseiller à la présidence de la République sahraouie représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l’Union européenne, a déclaré que cette décision nuisait à la crédibilité de l’Espagne qu’il classe désormais avec «le groupe des gouvernements sans principes et prêts à toutes les compromissions». Il est vrai que les socialistes sont réputés pour leur spécialité du retournement de veste et la nouvelle de cette forfaiture a jeté un pavé dans la mare. Les protestations d’indignation ont fusé de partout dans la classe politique espagnole, y compris au sein du gouvernement. Tous se sont insurgés contre ce revirement qu’ils jugent scandaleux et veulent entendre les explications du chef du gouvernement devant le Parlement. De son côté, l’Union européenne, par la voix de la porte-parole de Josep Borell, autre socialiste espagnol et chef de la politique étrangère de l’UE, a déclaré que l’Europe soutenait la décision de Pedro Sanchez. Etrange, puisque, jusqu’à présent, l’Union européenne s’était désintéressée des déboires espagnols avec le Maroc.
D’où vient donc ce revirement européen ? Ce n’est pas la peine de chercher bien loin. On ne peut y voir que la main de la France qui préside l’Union européenne jusqu’en juin et qui cherche à nuire à l’Algérie. Il est vrai que dans le contexte actuel de la guerre d’Ukraine où le gaz risque de manquer suite aux sanctions imposées à la Russie, l’Europe, et surtout la France, lorgne vers l’Algérie qui possède d’immenses réserves de gaz, y compris dans ses eaux territoriales en Méditerranée. De plus, Sonatrach vient d’annoncer la découverte d’un important gisement pétrolier dans le bassin de Berkine dont «le forage du premier puits d’exploration a donné lieu à 46.4 m3/heure, soit 7 000 barils/jour d’huile et 140 000 m3/jour de gaz associé», les estimations préliminaires montrant que «la structure HDLE renferme environ 140 millions de barils de pétrole brut en place». La production devrait démarrer au troisième trimestre 2022. Cette heureuse nouvelle pour notre pays ne manquera pas néanmoins de susciter bien des convoitises.
Devant ce qu’il faut bien appeler une trahison de la part de l’Espagne, l’Algérie a immédiatement rappelé son ambassadeur et a exprimé son désaccord sans aucune ambiguïté. Il convient de noter que cette décision de Pedro Sanchez intervient peu après la signature d’un contrat entre Sonatrach et l’Espagne, ce qui est quand même assez curieux. C’est ce que l’on appelle un coup de poignard dans le dos, et il est certain qu’il y aura des suites à cette affaire. Depuis lors, le gouvernement Sanchez tente de rassurer en multipliant les déclarations selon lesquelles l’Espagne entretient des relations amicales avec l’Algérie et que les livraisons de gaz se poursuivront. Cependant, il y a fort à parier que l’Espagne apprendra tôt ou tard à ses dépens que l’on ne se moque pas impunément de l’Algérie et que non, décidément, il n’est plus question d’amitié. Si l’Algérie coupait le gaz ou augmentait son prix, l’Espagne, qui est déjà en proie aux grèves des transporteurs et à la grogne populaire face à la hausse du prix des carburants, se mordrait les doigts de l’inconséquence de son chef de gouvernement. Il ne faudrait qu’une toute petite augmentation de quelques cents le mètre cube pour faire tomber le gouvernement Sanchez et mettre toute l’Espagne en ébullition…
La France, toujours la France… Elle ne perdra jamais son esprit de revanche d’avoir été éjectée de l’Algérie. Ainsi, un exercice interarmées franco-marocaines se tient depuis le 1er jusqu’au 25 mars dans la région d’Errachidia, située dans la nouvelle zone est, région militaire récemment créée par le Maroc le long de sa frontière avec l’Algérie. Message bien reçu. Nous ne manquerons pas d’y répondre.
Les Etats-Unis, à présent. D’un côté, ils nous envoient l’adjointe du secrétaire d’Etat à la Défense américain, Chidi Blyden, les 14 et 15 mars derniers pour tenir avec le général Kais Djenidi le 10e dialogue militaire conjoint entre les Etats-Unis et l’Algérie consacré à la lutte contre le terrorisme et aux perspectives d’approfondissement de la coopération américano-algérienne en matière de défense. Et d’un autre côté, nous recevons la visite de la sous-secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Wendy Sherman, qui s’est permis de demander à l’Algérie de réactiver le gazoduc passant par le Maroc vers l’Espagne. Qu’est-ce que c’est que cette hypocrisie et de quel droit les Etats-Unis se permettent-ils d’interférer dans nos affaires internes ? Et pourquoi maintenant, en pleine guerre en Ukraine ? Il est clair que le projet de l’empire de remplacer le gaz russe par le gaz algérien se précise, mais Madame Sherman a appris à ses dépens que l’Algérie est un pays souverain et qu’elle n’a d’ordre à recevoir de personne.
Cependant, malgré les attaques larvées ou affichées contre elle, l’Algérie démontre qu’elle est un acteur majeur dans la communauté internationale, que l’ère Bouteflika est bel et bien enterrée et qu’il faudra dorénavant compter avec elle. Les rencontres et déplacements au plus haut sommet de l’Etat se multiplient. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a effectué une visite de travail et d’amitié en République populaire de Chine du 19 au 21 mars où il a rencontré son homologue chinois, Wang Yi. Ils ont pu réaffirmer «leur convergence de vues concernant les questions d’intérêt commun dont la question du Sahara Occidental, et leur soutien mutuel indéfectible aux questions inhérentes à leurs intérêts fondamentaux et à leurs préoccupations majeures.» L’Algérie a réaffirmé son attachement au principe «d’une seule Chine et son soutien aux positions de la Chine concernant les questions des droits de l’Homme, de Hongkong et de Xinjiang». Cette visite a entériné les liens profonds qui unissent la Chine et l’Algérie depuis de longues années, et des accords commerciaux avantageux pour les deux parties ont été conclus, notamment dans le cadre de la nouvelle Route de la soie. Entretemps, le général de corps d’armée, Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, quant à lui, participait à une visite officielle au Qatar pour prendre part à la 7e édition de l’Exposition et à la Conférence internationale de défense maritime de Doha «DIMDEX 2022» du 21 au 23 mars, l’une des plus importantes manifestations militaires au Moyen-Orient à laquelle participent 200 sociétés spécialisées. On le voit, notre pays est devenu incontournable sur le plan diplomatique et militaire.
Pendant ce temps, nos soldats sont en première ligne de notre combat contre les fantassins de l’empire, du sionisme et autres néocolonialismes. Notre Armée nationale populaire n’a jamais cessé de traquer les terroristes depuis la décennie noire, et l’opération qui a eu lieu à Skikda en février a permis la capture de 7 terroristes dont certains avaient rejoint les groupes terroristes depuis les années 1990, 7 autres ayant été éliminés au début de l’opération. C’est donc une opération qualitative qui vient d’avoir lieu. L’Algérie a toujours combattu le terrorisme seule, comme l’a souligné le général de corps d’armée Saïd Chengriha, et ce sont nos soldats, les enfants du peuple, qui, seuls, ont combattu, combattent et combattront toujours l’hydre terroriste.
Hélas, ce 19 mars, trois de nos braves soldats sont tombés au champ d’honneur au cours d’un accrochage avec un groupe terroriste dans la région de Timiaouine, à la frontière avec le Mali. L’Algérie ne cesse de voir ses enfants sacrifiés à la fleur de l’âge dans le combat permanent avec ces monstres sanguinaires, fabriqués dans les laboratoires de l’empire, cette armée du capital recrutée dans ce qu’il y a de plus abject dans l’humanité pour détruire les Etats-nations et s’emparer de leurs richesses. Mais l’Algérie restera une forteresse de résistance face au fascisme islamiste et aux traîtres qui rêvent de la voir tomber. Nous neutraliserons les desseins de l’empire, des sionistes et des néocolonialistes qui lorgnent vers notre sous-sol en salivant. Ils nous ont déjà envoyé leurs troupes de criminels assoiffés de sang dans la décennie noire, et nous les avons vaincus. Ils ont inventé le «qui-tue-qui» pour tenter de nous mettre à genoux et nous sommes restés debout. Ils abritent et financent les félons qui s’activent sur les réseaux sociaux pour provoquer l’éclatement du pays, mais le peuple algérien n’est pas dupe et reste soudé autour de son armée.
Les gouvernements voyous de l’Occident ont montré leur vrai visage fasciste à maintes reprises et encore aujourd’hui avec les événements en Ukraine où ils font main basse, comme des brigands, sur les avoirs du grand Etat souverain qu’est la Russie, comme ils l’ont fait naguère avec l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie. L’Algérie, avec son peuple et son armée, résistera aux multiples tentatives de la faire chuter. Pour cela, mobilisons-nous contre les ennemis intérieurs et extérieurs de l’Algérie, neutralisons les plans de l’empire et du néocolonialisme qui ne s’arrêteront jamais, car ils sont à bout de souffle et ils voudront toujours nous dépouiller de nos richesses. Sauvegardons notre patrie pour laquelle se sont sacrifiés des millions d’Algériens dans les massacres et les enfumades «démocratiques» des néocolonialistes. Et qu’on se le dise, celui qui touche à l’Algérie en paiera les conséquences !
Vive l’Algérie, vive notre ANP et à bas les traîtres !
M. A.
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