Malaise à Madrid après le revirement : vers un mea culpa de Pedro Sanchez ?
Par Abdelkader S. – Le président du gouvernement espagnol a-t-il mal considéré la réaction algérienne avant de s’adresser au roi du Maroc pour lui exprimer le changement de cap décidé à Madrid, sans consultation des principaux acteurs politiques du pays ? Cela semble bien être le cas. En effet, Algeriepatriotique a appris de sources informées que le torchon brûle entre Pedro Sanchez et son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares. Le malaise était perceptible dès la révélation par le quotidien espagnol El-Pais du cantique louangeant le régime de Mohammed VI, à travers le discours contradictoire entre le chef de l’Exécutif et le chef de la diplomatie.
Nos sources indiquent que ce dernier serait très «gêné» par le revirement inattendu de Pedro Sanchez dont on apprend, par ailleurs, qu’il se préparerait à présenter son mea culpa devant les députés qui ont exigé de l’entendre sur cet alignement malvenu sur les thèses marocaines dans le dossier sahraoui. Un alignement qui a donné lieu à de vives critiques au sein de la classe politique et de l’opinion publique espagnoles.
D’après nos sources, les opposants à l’approche de l’actuel chef du gouvernement voient mal un éloignement de l’allié stratégique que représente l’Algérie pour ce voisin du nord dont les villes les plus au sud se trouvent à une demi-heure à peine d’Alger ou d’Oran. De plus, le retournement de Pedro Sanchez intervient en plein conflit entre l’Union européenne et la Russie, premier fournisseur de gaz pour l’Europe de l’Ouest. L’Algérie, grand producteur de cette énergie, se trouve, malgré elle, impliquée indirectement dans cette confrontation dont les plus pessimistes craignent qu’elle prélude à une troisième guerre mondiale, bien que les belligérants écartent cette possibilité. A Madrid, on ne veut surtout pas que la décision maladroite de Pedro Sanchez ait un impact économique désastreux sur l’Espagne au cas où Alger déciderait de mesures de rétorsion comme elle l’avait fait avec la France.
Pour le moment, les autorités algériennes se sont contentées de rappeler l’ambassadeur d’Algérie à Madrid pour consultations. Mais les connaisseurs des usages diplomatiques savent qu’une telle démarche est une première étape qui peut en appeler d’autres si, dans les semaines à venir, rien n’est fait pour que les relations entre les deux pays reviennent au statu quo ante bellum.
Alger surveille la déclaration que Pedro Sanchez va faire par-devers les élus espagnols, comme on surveille le lait sur le feu, et ne cédera assurément pas à quelque discours flatteur de circonstance. Seul l’abandon déclaré sans biais, ni faux-fuyants de la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental, grossièrement drapée dans la formule bateau d’«autonomie», dénouera la crise née du faux pas madrilène.
A. S.
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