Le roi du Maroc incite ses partenaires européens à violer le droit international
Par Houari A. – A peine El-Mundo publiait-il un éditorial dans lequel il rappelait, à juste titre, que le régime monarchique prédateur et machiavélique de Rabat ne comptait pas changer sa politique vis-à-vis de Madrid pour peu que le président du gouvernement socialiste eût fait volte-face sur la question du Sahara Occidental que le roi du Maroc confirmait les craintes du journal espagnol.
«Rabat continuera à exercer le chantage migratoire quels que soient les pactes conclus avec Madrid, profitant de la fragilité d’un gouvernement fracturé», écrit l’auteur de l’éditorial, selon lequel «les faits confirment que le Maroc continue d’utiliser l’immigration clandestine comme une arme contre l’Espagne chaque fois qu’il entrevoit la possibilité d’obtenir un gain politique ou économique». «Il semble que Rabat continuera à exercer ce chantage quels que soient les pactes conclus avec Madrid, profitant de la fragilité d’un gouvernement fracturé, incapable même de s’entendre avec ses partenaires sur une politique étrangère commune», regrette El-Mundo.
Le jour même, Mohammed VI enjoignait les pays européens de «clarifier leur position» sur la question du Sahara Occidental occupé et de le «soutenir sans aucune équivoque» dans son plan d’autonomie qu’il veut imposer, en violation totale des résolutions des Nations unies et du droit international. S’exprimant dans un discours prononcé à l’occasion de ce que le Makhzen appelle la «révolution du roi» (sic), Mohammed VI a affirmé qu’il voulait «adresser un message clair à tout le monde», entendre l’ensemble des pays européens, au lendemain, faut-il le rappeler, d’une déclaration sans équivoque de Josep Borrell dans laquelle il confirmait la position européenne qui soutient le plan onusien et qui, donc, rejette le plan marocain.
«Le dossier du Sahara [Occidental] est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», a menacé Mohammed VI, en ajoutant que «c’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit». Dit autrement, soit l’Europe prend fait et cause pour le Maroc, soit ce dernier renvoie des cohortes de migrants dans l’autre rive, comme il l’a fait en mai 2021 lorsque quelque 10 000 Marocains furent poussés à traverser le Méditerranée à la nage jusqu’aux rivages de Ceuta. Les images impressionnantes qui avaient bouleversé le monde entier ne semblent pas avoir servi de leçon à Pedro Sanchez auquel le revirement a valu son isolement à l’intérieur de l’Espagne.
«S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara [Occidental] sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque», a encore ordonné le roi du Maroc aux Etats de l’Union européenne qui se sont prêtés à son jeu et ont participé au pillage des richesses des territoires sahraouis occupés.
Mohammed VI n’a pas évoqué d’éventuelles représailles, mais elles sont facilement traduisibles dans sa manière hautaine de s’adresser à ceux qu’il qualifie de «partenaires». Ainsi, on doit comprendre qu’il rouvrira les vannes des migrants subsahariens et marocains qui envahiront le sud de l’Espagne puis s’éparpilleront à travers toute l’Europe, et fermera celles de la pêche et de l’extraction des minerais devant les multinationales sans scrupule qui foulent aux pieds les décisions de la Cour de justice européenne.
H. A.
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