Retour sur une semaine horrible pour Bourita et la piètre diplomatie marocaine
Par Kamel M. – La gifle tunisienne (voir article par ailleurs) achève un hebdomadis horribilis pour le Makhzen dont la diplomatie est aux abois, à commencer par les réactions fermes et indignées en Algérie et en Mauritanie à la suite des propos belliqueux tenus par le prédicateur illuminé Ahmed Raissouni, suivies de celle de Josep Borrell à la Télévision espagnole sur la nécessaire consultation du peuple sahraoui pour décider de son futur. La sortie du haut représentant de l’Union européenne a eu l’effet d’un terrible séisme sur la diplomatie marocaine dont le chef a passé la journée à le harceler pour le pousser à nuancer ses propos sur le référendum.
Le responsable espagnol s’est exécuté mais en prenant soin – pour ne pas perdre la face – de noyer sa seconde déclaration dans un charabia amphigourique qui n’a pas eu l’heur de plaire au ministre marocain. Ce dernier s’est alors converti en traducteur de Borrell, en indiquant à la presse que c’était une «erreur de langue regrettable» (sic) et pour mieux exorciser la panique qui s’était emparée du royaume, Nasser Bourita a dû annuler une rencontre prévue en septembre à Rabat avec le haut représentant européen.
Le même ministre a supplié le service européen de l’Action extérieure pour faire publier un communiqué reprenant le laïus officiel sur la solution politique mutuellement acceptable pour recadrer Josep Borrell. Au cours de la même journée noire pour la diplomatie du Makhzen, Nasser Bourita a littéralement levraudé son homologue espagnol, José Manuel Albares, pour le conjurer de faire une déclaration sur la position de l’Espagne sur la prééminence de la thèse de l’autonomie, pour contredire les propos de Borrell, faute de quoi le Makhzen reprendrait son chantage migratoire, accentuerait l’asphyxie de Ceuta et Melilla et stopperait la coopération dans le domaine sécuritaire.
Enfin, à Rabat même, la ministre allemande des Affaires étrangères a tétanisé son hôte en rappelant la position de son pays sur la question du Sahara Occidental, qui, a-t-elle entériné, ne saurait déroger au droit international, emboîtant ainsi le pas à l’Espagnol Josep Borrell. Nasser Bourita a répondu en marmottant que le Maroc n’aurait jamais suggéré de passer outre les résolutions de l’ONU et que, au contraire, ce serait l’Algérie qui se dresserait contre celles-ci, faillant provoquer l’esclaffement d’Annalena Baerbock, n’eût été la retenue requise dans ce genre de rendez-vous protocolaires.
Avec ces derniers événements, il est clair que le Makhzen a des problèmes avec tous ses voisins : l’Algérie, la RASD, la Mauritanie, la Tunisie, la France, l’Espagne et l’Union européenne. Son expansionnisme et la colonisation du Sahara Occidental sont les principales causes de son comportement diplomatique compulsif qui le met aujourd’hui sur la sellette.
K. M.
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