Les instructions immédiates de l’officier traitant de la DGSE à l’agent Bouraoui
Par Karim B. – En reconstituant les différentes étapes du transfert secret de l’agent de la DGSE française Amira Bouraoui, on se rend compte que l’intention des autorités politiques, diplomatiques et sécuritaires françaises dépasse la simple provocation coutumière et forme un élément constitutif d’une stratégie aux objectifs bien plus profonds. Ce n’est, d’ailleurs, pas un hasard si le commentaire diffusé par l’agence officielle APS remonte jusqu’à un fait historique lointain, la tentative échouée d’invasion militaire de Cuba par des opposants à Fidel Castro armés, entraînés et financés par la CIA.
Dès son atterrissage à Lyon et sa prise en charge par son officier traitant, Amira Bouraoui a subi l’habituel débriefing et reçu les instructions de ses chefs, visiblement au nombre de sept. L’agent exfiltré a, d’abord, été enjoint de passer à l’offensive sans attendre via les réseaux sociaux. En effet, alors qu’on s’attendait à un moment de répit, le temps pour la Franco-Algérienne de reprendre son souffle après les «péripéties» tunisiennes où elle dit avoir été «interrogée» et «séquestrée» à sa sortie du bureau de la juge qui l’a entendue et ordonné sa remise en liberté, la concernée s’est tout de suite remise au travail.
La première action ordonnée par la DGSE a été l’apparition d’Amira Bouraoui sur le plateau de la chaîne de télévision gouvernementale TV5 Monde, où officie un certain Khaled Drareni, une manière pour Paris de signifier aux autorités algériennes que l’opération menée à partir de Tunis, voire d’Alger, est un acte politique assumé. La fondatrice de Barakat a eu ordre d’ouvrir le feu immédiatement, en utilisant, comme moyen de communication, la langue arabe saupoudrée de mots, parfois triviaux, puisés dans le dialecte.
Amira Bouraoui, qui salit la réputation d’une famille honorable, devait, sur ordre de ses mentors, attaquer en priorité les médias qui ont ciblé la DGSE en empruntant, s’agissant d’Algeriepatriotique, le vocabulaire usé du parti religieux extrémiste du FIS qu’elle feint de dénigrer, de son succédané Rachad et du MAK, son allié ethniciste de circonstance, lesquels, pris dans le conditionnement pavlovien et animés par un stimulus biologique, rendent machinalement l’ancien ministre de la Défense nationale responsable de tout ce que nous écrivons. Ensuite, elle devait citer une série de noms qu’elle qualifiera de «véritables opposants». Cette méthode, connue dans le milieu de l’espionnage, sert à sacrifier des fusibles pour protéger les éléments encore actifs sur le territoire algérien et non encore débusqués. L’institution que dirige Bernard Emié essaye, ainsi, d’éviter que sa cinquième colonne soit entièrement, ou en grande partie, démantelée.
Ensuite, Amira Bouraoui devait impliquer le président tunisien, Kaïs Saïed, dont elle affirme qu’il aurait donné son feu vert pour qu’elle quitte le territoire tunisien pour la France, dans le but de créer une crise diplomatique entre l’Algérie et la Tunisie voisine. Mais, au grand dam des stratèges du boulevard Mortier, le piège n’a pas fonctionné, le président Tebboune ayant ordonné de ne pas entraver la circulation des Tunisiens souhaitant se rendre en Algérie au niveau des postes-frontières. Le mensonge soufflé à Amira Bouraoui, qui s’en est fait le relais, vise également à adouber les opposants au locataire fragilisé du palais de Carthage, conduits par les islamistes de Rached Ghannouchi et l’homme-lige du Qatar, Moncef Marzouki.
Le plan a capoté mais il a révélé l’étendue du complot français contre l’Algérie, opposée à l’OTAN dans sa politique russe, syrienne, libyenne et sahélienne. Il reste à savoir si le président Tebboune décrochera le téléphone lorsque son homologue Macron l’appellera pour l’assurer de sa volonté de «renforcer les relations avec l’Algérie». Une voix autorisée française a déjà planté le décor, en usant de la langue de bois habituelle pour esquiver le sujet, mais elle n’a, objectivement, reçu aucun écho positif de ce côté-ci de la Méditerranée.
Des sources parlent même de mesures de rétorsion en préparation, similaires à celles prises contre l’Espagne suite au revirement du gouvernement Sanchez dans le dossier sahraoui.
K. B.
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