La réunion entre les présidents algérien, tunisien et libyen à Tunis vue de Paris
Par Houari A. – La rencontre tripartite qui a réuni les présidents algérien, tunisien et libyen à Tunis a été suivie de très près par les milieux politiques et les médias français, dont le premier constat est l’absence du Maroc, pays vassal de la France. «Réunion consultative entre Tunisie, Algérie et Libye autour d’un nouveau bloc maghrébin, le Maroc pas convié», titre Le Figaro, qui fait siennes les rodomontades de la presse marocaine qui «accuse l’Algérie de vouloir former une alliance maghrébine contre le Maroc, son grand rival régional».
«Ni le Maroc ni la Mauritanie n’ont été conviés à cet événement préfigurant la formation d’une entité à l’échelle du Maghreb», explique le journal français, qui rappelle que «le principe d’une rencontre maghrébine tripartite, organisée tous les trois mois, avait été décidé par les trois dirigeants lorsqu’ils s’étaient vus en marge d’un sommet sur le gaz à Alger début mars». «Dans un communiqué, les trois pays avaient souligné la nécessité d’unifier et d’intensifier les efforts pour relever les défis économiques et sécuritaires», relève le quotidien de droite, en reprenant à son compte de façon persistante les accusations des Marocains qui «dénoncent une manœuvre destinée à faire croire que l’Algérie n’est pas isolée dans son voisinage».
Le Figaro fait écho à la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui «a défendu ces initiatives comme destinées à combler un vide, alors que l’Union du Maghreb arabe, créée il y 35 ans, est dans le coma, qu’elle n’a aucune activité». «Le président algérien Tebboune a assuré lors d’une interview télévisée début avril que ce bloc n’est dirigé contre aucun autre Etat et que la porte est ouverte aux pays de la région et à nos voisins de l’Ouest», a souligné Le Figaro.
RFI note, de son côté, que «c’est la seconde invitation du genre après une réunion qui s’était tenue à l’occasion du forum des présidents et pays producteurs de gaz organisé par l’Algérie en mars». Le média français énumère les décisions prises lors de la réunion de ce lundi dans la capitale tunisienne. «Ainsi, il a été décidé que seront créés des groupes de travail conjoints pour coordonner les efforts sur la sécurité des frontières communes face à la migration irrégulière et la mise en place de grands projets d’investissements communs sur la production de céréales ainsi que le dessalement de l’eau de mer face aux défis climatiques que connaissent les trois pays».
Pour Radio France International, «il n’y a pas eu d’annonce choc mais bien la volonté d’afficher un bloc maghrébin uni autour de divers enjeux communs». «Sur le plan géopolitique pour l’Algérie, il s’agit aussi de reprendre une forme d’assises régionales», soutient ce média, qui fait parler un chercheur. Ce dernier estime que ces «assises régionales» nécessaires pour l’Algérie sont dictées par «l’instabilité au Sahel et la crise en Libye». «Davantage de coopération, plus d’échanges politiques et économiques sont les mots d’ordre annoncés, mais il est trop pour parler d’une volonté de torpiller, avec ce front, l’Union du Maghreb arabe», poursuit RFI, en se référant à l’avis d’un géopolitologue.
«L’organisation économique et politique aux ambitions similaires et dont font partie ces trois pays, ainsi que le Maroc et la Mauritanie, est dans un état de stagnation, depuis plusieurs décennies», conclut RFI.
H. A.
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