De Madrid à Paris : là où Saïd Moussi passe, la question sahraouie trépasse !
Par Kamel M. – Décidément, là où l’ambassadeur Saïd Moussi passe, la cause sahraouie trépasse. Le pays dans lequel il est nommé finit toujours par faire une entorse au droit international et s’aligner sur les thèses marocaines dans le dossier sahraoui. C’est lui qui était en poste à Madrid lorsque le Premier ministre, Pedro Sanchez, a adressé un courrier au roi du Maroc dans lequel il lui a fait part du revirement de son gouvernement, louant les mérites du régime de Rabat et l’assurant de son soutien plein et entier contre les «rebelles du Polisario», comme aime à les appeler le Makhzen. C’est encore lui qui occupe le siège de la rue de Lisbonne, à Paris, au moment où le Quai d’Orsay vient d’annoncer son appui total au plan d’autonomie marocain.
Saïd Moussi a été rappelé par deux fois déjà pour «consultations», l’Algérie et l’Espagne ayant traversé une fâcheuse crise diplomatique qui a soufflé des décennies d’une bonne entente entre les deux pays. L’Algérie, bien qu’ayant suspendu le Traité d’amitié, n’a pas voulu priver les Espagnols du gaz algérien dans ce contexte de guerre en Ukraine, dont la première conséquence a été une pénurie de cette énergie vitale jusque-là fournie par la Russie. Des mesures de rétorsion avaient été prises et l’Espagne s’en est trouvée grandement pénalisée. Le même ambassadeur avait été rappelé de Paris également suite à l’exfiltration par les services secrets français de leur agent Amira Bouraoui via la frontière terrestre avec la Tunisie. Dans les deux cas d’espèce, notre représentant n’a rien vu venir.
Est-ce la déveine qui poursuit notre diplomate privilégié, puisqu’il a la chance d’être nommé dans deux capitales européennes géographiquement proches de l’Algérie, ou est-ce un manque de vigilance, voire de compétence ? La question se pose avec acuité, d’autant que les postes des pays comme la France ou l’Espagne, qui sont liés à l’Algérie par des accords importants et des liens historiques séculaires, sont attribués à des ambassadeurs chevronnés qui ont fait leurs preuves dans des fonctions antérieures, notamment en faisant gagner au pays des contrats d’envergure, en permettant le transfert des technologies, en exportant sa culture, etc.
Le retour de Saïd Moussi en France, en mars 2023, avait coïncidé avec la désignation du remplaçant de François Gouyette, en la personne de Stéphane Romatet. Ce dernier, dès sa nomination, a reproduit les mêmes déclarations amollissantes que ses prédécesseurs, vantant la solidité des relations entre l’Algérie et la France et annonçant des perspectives prometteuses. Mais le même scénario se répète à chaque fois et la main tendue à l’Algérie est toujours accompagnée d’une seconde, cachée derrière le dos et tenant un poignard qui ne tarde jamais à être planté.
Depuis sa désignation à Paris, malgré son échec cuisant à Madrid, Saïd Moussi n’a obtenu aucun résultat dans les pourparlers pour l’extradition des ressortissants algériens accusés de terrorisme par la justice algérienne et qui se livrent, à partir de France, à des campagnes de désinformation et de déstabilisation avec la bienveillante bénédiction des autorités françaises : gouvernement, justice et services secrets. Algeriepatriotique s’interrogeait, dès l’annonce du retour programmé de l’ambassadeur à Paris, sur les raisons qui justifiaient cette décision, alors que les dirigeants français, leurs médias et leurs élus, n’ont jamais cessé d’adopter des attitudes et des discours hostiles à notre pays.
Saïd Moussi va-t-il être rappelé cette fois-ci encore ? Le communiqué au vitriol du ministère des Affaires étrangères le laisse entendre. Mais si Moussi rentre, ce devra être pour son admission à la retraite.
K. M.
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