France et Maroc : le président Tebboune conjugue inflexibilité et rassurance
Par Houari A. – Dans son entretien périodique diffusé ce samedi par la Télévision publique, le président de la République s’est montré inflexible à l’égard de l’ancienne puissance coloniale qu’il a accusée d’empêcher toute relation apaisée avec l’Algérie. Abordant sa visite à Paris, l’initiative commune relative à l’histoire et l’accord signé entre les deux pays en 1968 et à propos duquel des personnalités françaises font les gorges chaudes depuis plusieurs mois, il a répondu en rejetant la responsabilité sur la partie française qui agit avec condescendance.
Le président de la République a annoncé implicitement la fin de la Commission mémorielle mise en place pour une écriture commune de l’histoire de la Guerre d’Algérie. Abdelmadjid Tebboune a expliqué que c’est l’Algérie qui est derrière l’idée de la création de cette commission pour éviter que l’écriture de l’histoire de l’Algérie soit monopolisée par une minorité d’historiens français.
Au sujet de sa visite en France, plusieurs fois annoncée et reportée, le chef de l’Etat a laissé entendre que celle-ci n’est plus à l’ordre du jour.
Interrogé sur l’accord de 1968, le président Tebboune a affirmé que celui-ci est une «coquille vide», un «slogan politique» et un «étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes». Refusant le chantage auquel s’adonne une «minorité haineuse qui veut salir l’Algérie».
Ceux qui parlent de l’accord de 1968 «racontent des histoires au peuple français», a ajouté Abdelmadjid Tebboune, en assurant que cet accord «n’influe en rien ni sur la qualité de l’émigration ni sur la sécurité de la France».
«La révision de l’accord d’association avec l’Union européenne est indispensable», a encore indiqué le président de la République, en expliquant que cela ne signifie pas que la relation entre l’Algérie et l’Union européenne soit conflictuelle.
Au sujet de l’imposition du visa aux ressortissants détenteurs d’un passeport marocain, il a expliqué que cette mesure «est à la fois politique et sécuritaire», rassurant, au passage, les Marocains établis en Algérie qu’il n’y aura pas une vague d’expulsions. «Nos frères marocains qui vivent chez nous et qui ne créent pas de problèmes demeurent les bienvenus», a-t-il insisté, en ajoutant qu’«il n’y a aucune différence entre ces Marocains et les Algériens, si bien qu’il est impossible de faire la différence entre les deux, tellement ils sont intégrés». «Notre problème est avec le régime marocain et non pas avec le peuple», a appuyé le président Tebboune, qui a indiqué que des «agents israéliens pourraient être infiltrés en Algérie munis de documents de voyage marocains». «Ce qui représente une sérieuse menace pour la sécurité du pays», a-t-il dit.
H. A.
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