Suprême blasphème
Par M. Aït Amara – Les Algériens s’apprêtent à accueillir la plus grande mosquée du pays, érigée face à la Méditerranée, à Alger. Son minaret est visible d’où qu’on le regarde tellement il est haut. Un chef-d’œuvre dont tout un peuple peut être fier. C’est que l’édifice cultuel accueillera en son sein des milliers de fidèles.
Ce lieu de prière, qui fera sans doute la fierté des musulmans du monde entier, a, néanmoins, été construit avec des mains non musulmanes. Certes, cela n’ôte rien à la valeur de ce monument phare dont la finalité est, selon ceux qui ont eu l’idée de l’édifier, de retourner à l’islam authentique de nos ancêtres en lui consacrant un symbole fort qui unira les Algériens en même temps dans la foi séculaire et l’ouverture sur le monde, la mosquée revêtant un aspect architectural moderne et étant tournée vers la mer.
Construite par des Chinois, pierre par pierre, avec sérieux et discipline, la Grande Mosquée d’Alger, qui ébahit les Algériens de jour en jour à la vue de son dôme gigantesque et de son minaret qui effleure le ciel, est aussi, et surtout, le symbole de la réussite d’un pays, la Chine, qui a su, mieux que les musulmans, appliquer à la lettre le premier verset de l’oracle reçu par le prophète Mohamed (QSSL), «iqra’» (lis).
Emplis ton cerveau de savoir et de connaissance, fais de l’effort et du travail le pilier de ta religion, a ordonné Dieu au dernier Messager. Mais l’ordre de Dieu a été effacé au profit d’exégèses de pacotille qui ont fait du musulman un éternel retardataire, éternellement dépendant de la science importée d’Occident et d’Asie sans laquelle une mosquée comme celle d’Alger ne serait jamais sortie de terre.
Qui Dieu récompensera-t-il ? Ceux qui ont débordé de génie et sué pour élever le minaret d’Alger à des altitudes rarement atteintes ou ceux qui l’y prieront pour obtenir qu’Il les accueille en Son Vaste Paradis ? Car qu’est-ce que l’islam sans érudition sinon une pratique rendue banale par ses rites superficiels. Suprême blasphème envers Celui qui nous a ordonné d’apprendre et de comprendre pour inventer, imaginer, créer, forger, construire.
Qu’avons-nous construit sinon les amas d’ordures qui jonchent nos rues ?
M. A.-A.
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