Un printemps pourri

Le Printemps arabe, expression créée par les Occidentaux pour désigner les soulèvements dans les pays arabes, ressemble de plus en plus, en Egypte, à une saison pourrie. C’est l’indécision totale après le deuxième tour de l’élection présidentielle. Les deux candidats en lice proclament, chacun de son côté, la victoire. La situation est rendue plus complexe par la qualité des deux présidentiables, «la peste et le choléra», pour reprendre l’appréciation de la grande masse des Egyptiens qui ne s’attendaient sans doute pas à un tel dilemme consistant à choisir entre un candidat islamiste et celui d’un régime qu’ils croyaient déchu. L’armée semble vouloir procéder à une opération de normalisation qui s’est traduite dans une première étape par la dissolution du Parlement qui était dominé par les islamistes. Elle prend le temps de proclamer les résultats de l’élection présidentielle tout en mettant en place le dispositif sécuritaire de maintien de l’ordre. Ira-t-elle jusqu’à donner la victoire à Ahmed Chafik ? L’état d’instabilité dans lequel se trouve l’Egypte est aggravé par la circulation des armes qui avaient été livrées aux anti-Kaddafi, en Libye, et qui sont entrées massivement en Egypte.
Lazhar Houari