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Macron : le président d’opérette qui joue à la guerre avec son armée de majorettes

Une contribution de Khider Mesloub – Au moment où les Etats-Unis et l’Ukraine s’accordent sur l’essentiel pour faire la paix avec la Russie, autrement dit affirment avoir abouti à un accord-cadre pour mettre fin au conflit, le président français, Emmanuel Macron, persiste et signe : il veut poursuivre le réarmement de la France, l’enrôlement des jeunes pour les envoyer en Ukraine afin de combattre les Russes.

Pire. Le jour même où l’Ukraine et la Russie s’apprêtent à signer le cessez-le-feu, Emmanuel Macron annonce depuis la base militaire de Varces la création d’un nouveau service militaire volontaire de 10 mois, censément pour faire la guerre à une Russie pourtant désormais en paix avec son voisin ukrainien.

A quoi joue l’adulescent Macron ? Assurément à se faire peur. Retenez-moi ou je fais un malheur ! Telle est, depuis plusieurs mois, la constante attitude ridiculement belliciste du locataire de l’Elysée. Macron le freluquet se prend pour Napoléon Ier : il veut envoyer des troupes en Russie, plus exactement à ses frontières, en Ukraine, berceau de la Rous’ de Kiev, du monde russe. Pour rappel, la campagne de Russie (ou «guerre patriotique» de 1812) est cette expédition militaire menée contre l’Empire russe par l’armée de l’empereur Napoléon Ier, qui s’est soldée par la déroute des troupes françaises, écrasées par les forces russes.

Ces dernières années, présidant pourtant aux destinées d’une France désindustrialisée, d’un pays en déclin, Macron œuvre sans relâche à réarmer la France. Non pas au plan économique, mais militaire. Ce lancement de la course aux armements est d’autant plus cynique qu’il intervient en pleine campagne d’austérité budgétaire décrétée par Bercy.

Homme sans vigueur politique mais adepte de la rigueur économique, Macron a décidé d’engager le pays dans une économie de guerre pour affronter la Russie, déclare-t-il. Or, l’économie de guerre implique une profonde transformation du modèle économique afin de pallier les bouleversements d’un conflit armé et ainsi se concentrer essentiellement sur l’effort de guerre. Pourtant, la baudruche hexagonale, la France, ridiculement militariste, n’a pas les moyens financiers et industriels de ses ambitions guerrières, ses gesticulations impérialistes.

Ce tournant militariste économique profitera néanmoins à quelques capitalistes dont les carnets de commande ne cessent d’augmenter de façon vertigineuse.

Cela étant, sous la mandature de Macron, qui aura rimé avec dictature et décrépitude, la France aura doublé son budget militaire. Ce sont 413 milliards d’euros qui seront dépensés jusqu’en 2030, dans le cadre d’une croissance continue du budget annuel de l’armée, qui va passer de 41 milliards d’euros en 2022 à quasiment 70 milliards en 2030.

Les trémoussements militaristes du coq gaulois aux ailes économiques démolies

Depuis l’expulsion de la France de l’Afrique, l’armée française recentre ses efforts de guerre sur l’Europe orientale. Au vrai, ses gesticulations guerrières.

Au sein de l’Europe, accusant ses partenaires européens d’être des lâches et de pactiser avec Poutine, Macron montre ses muscles et se targue d’être le seul à assumer courageusement l’effort de guerre contre la Russie. Cet ennemi imaginé et imaginaire qui sert ses plans politiques machiavéliques intérieurs.

Pour prouver sa détermination, Macron le boutefeu a même annoncé qu’il projetait de dépêcher des troupes françaises en Ukraine, au moment où le président Zelensky s’apprête à signer un accord de paix (capitulation) avec Poutine. Quel coup de bluff !

Comme tout un chacun le sait, non seulement l’armée française n’est pas en mesure de soutenir une guerre de «haute intensité», mais toute la population française est opposée à tout conflit militaire contre la Russie. Pire, comme le soulignait un haut gradé dans le magazine Marianne, «il ne faut pas se leurrer, face aux Russes, on est une armée de majorettes !»

Alors, pourquoi Macron se livre-t-il à des gesticulations bellicistes et élucubrations guerrières ? Agite-t-il l’épouvantail de la menace russe et de la nécessité de la neutraliser, alors que l’armée française ne dispose pas de moyens humains et militaires pour mener une offensive militaire contre la Russie, encore moins de la légitimité juridique internationale ? Encore moins aujourd’hui, avec la signature imminente de l’accord de paix entre Moscou et Kiev.

Dans cette période de crise économique qui frappe cruellement la France, le gouvernement Macron a besoin de créer un climat de guerre ou de peur de la guerre pour exiger des travailleurs de participer au fantasmagorique «effort de guerre», par des sacrifices socioéconomiques supplémentaires. Manière également indirecte d’aider les capitalistes en imposant l’austérité aux salariés. La «sobriété économique et sociale» au nom du danger imaginaire russe.

De la tonitruante (tuante) déclaration du chef d’état-major de l’armée, le général Fabien Mandon, tout le monde n’a retenu que la première partie, choqué uniquement par le premier membre de la phrase : «La France doit accepter de perdre [ses] enfants.» Ces mots du général français ont suscité une vive émotion et une tempête d’indignation.

En revanche, médias et commentateurs ont délibérément éludé le second segment de la phrase : «Les Français doivent accepter de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense». C’est ce second plan que tente d’imposer la bourgeoisie française aux travailleurs. Autrement dit, sous couvert de menace russe les capitalistes français, notamment les marchands d’armes qui bénéficient de commandes croissantes, s’activent pour soumettre les travailleurs à une intensification des rythmes de travail avec des salaires ponctionnés.

L’illusionniste Macron joue les contorsionnistes militaires

La menace de la guerre permet également de justifier et de légitimer le durcissement autoritaire de la gouvernance, les restrictions politiques, les répressions, les arrestations arbitraires, les expulsions. C’est-à-dire d’acter et d’officialiser le tournant fasciste de la France.

Comment entretenir un climat de psychose de guerre pour justifier et légitimer de nouvelles mesures d’austérité économique et de restrictions des libertés, sinon par la fabrication hystérique du péril russe, agrémenté de données militaires alarmistes délibérément amplifiées. Macron fait croire que l’armée russe assiège la France, qu’elle est aux portes de Paris.

Comment prévenir et neutraliser l’exacerbation des tensions sociales généralisées actuelles en France, accélérer et renforcer la militarisation de la société, associée à une stratégie de contrôle social, sinon par une campagne de propagande militariste, appuyée sur un traitement de l’information militariste anxiogène propre à susciter un état de sidération sur fond de psychose collective, propice à la consolidation de l’union nationale ?

Comme le disait Hermann Göring, ministre sous le régime nazi et fondateur de la Gestapo : «Et si vous pouvez trouver quelque chose pour les effrayer, vous pouvez leur faire tout ce que vous voulez.»

Dans cette entreprise de propagande dédiée à l’exaltation de l’union nationale, toutes les forces sont mobilisées pour apporter leur concours, participer à l’opération d’embrigadement idéologique et militariste.

Les partis politiques, toutes obédiences confondues, sont également conviés à unir leurs forces, taire leurs divergences, pour resserrer leurs rangs en vue de concourir à l’affermissement de l’union nationale.

Tout se passe comme si la France était en guerre contre la Russie. A croire que c’est la France qui a été envahie. La peur se nourrit de l’imagination. La psychose s’empare de la population lorsque le sentiment de danger imminent n’est plus réel mais imaginaire. Le gouvernement Macron s’active ainsi à répandre une peur obsidionale. Le véritable ennemi de la bourgeoisie sénile française n’est pas la Russie mais le prolétariat français. L’ennemi n’est pas campé à l’extérieur mais tapi à l’intérieur.

Faute de moyens militaires pour mener une guerre à l’extérieur, le gouvernement Macron mène une guerre de propagande belliciste à l’intérieur pour ressouder la nation menacée d’éclatement, convaincre le peuple à consentir des sacrifices économiques et sociaux, voire politiques, en s’accommodant du durcissement autoritaire, de l’ensevelissement de la démocratie, au nom de la menace imaginaire symbolisée aujourd’hui par la Russie. Et prochainement par un nouveau pays. La Chine ? L’Algérie ?

En réalité, Poutine est devenu malgré lui le meilleur allié de Macron : il lui sert de rempart pour mener sa guerre de classes contre le prolétariat français, d’épouvantail pour justifier et légitimer le durcissement autoritaire de la gouvernance. Pour assurer la transition fasciste de la France.

K. M.

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