Des médias marocains : «La France nous aide à expulser la RASD de l’UA»
Par Houari Achouri – Des médias marocains, connus pour être le faux-nez de la DGED et dont les responsables émargent au cabinet royal, ont reconnu que le Makhzen compte bel et bien sur la France pour saboter le prochain sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine. «Rabat laisse à Paris le soin de mener la campagne de mise à l’écart des amis de Brahim Ghali», répète-t-on en chœur dans les rédactions inféodées au palais. Une attitude déshonorante qui rappelle la célèbre phrase de l’ancien ambassadeur de France à New York, Gérard Garaud, à propos de la «maîtresse qu’on doit défendre» et qui prend toute sa signification et éclaire l’actuel cours des choses.
Toutefois, la presse marocaine, choquée par la relabellisation du Sommet UA-UE, comme annoncé à juste titre par l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, se fait de la bile. Elle est convaincue que les Africains ne se laisseront pas berner par les manœuvres de Paris et de quelques autres satellites et confirmeront, en toute souveraineté, les décisions prises au Sommet sur la participation, égale et sans restriction, de l’ensemble des 55 Etats membres à tous les partenariats qui lient l’UA, et celui avec l’UE ne fait pas exception.
D’où la crainte chez le Makhzen que le prochain sommet UA-UE, prévu les 29 et 30 novembre, en principe à Abidjan – mais rien n’est définitif, car l’option de son transfert à Addis-Abeba n’est pas écartée –, ne soit pas conforme au scénario échafaudé par la France qui compte prendre appui sur son pré-carré francophone et la Côte d’Ivoire, si ce pays est maintenu comme hôte du Sommet, pour casser le consensus africain et ne pas envoyer d’invitation à la RASD (voir art. AP du 11 octobre 2017).
Car, l’enjeu, comme l’a souligné Algeriepatriotique, est la participation de la RASD à ce sommet. L’objectif de Paris et Rabat étant que les représentants légitimes du peuple sahraoui, dont le pays est occupé par le Maroc, ne puissent pas y prendre part. L’attitude de la France à l’égard de l’Afrique n’a pas changé. Elle veut se comporter comme le pays-tuteur en s’arrogeant le droit de choisir les participants africains au Sommet UA-UE à la place des Africains eux-mêmes. De plus, la France semble oublier qu’en Afrique, il n’y a pas que des pays anciennement colonisés par elle ; il y a également les autres, notamment les pays anglophones.
Mais le comble est que, de ce fait, Paris intervient comme si la France était autorisée à agir pour le compte de l’UE qui est le partenaire de l’UA dans cette affaire. L’UE acceptera-t-elle que la délégation de l’UA soit amputée d’un de ses membres de droit, à savoir la RASD ? Selon les dernières informations, les hauts responsables du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), dont la Secrétaire générale du SEAE, Helga Schmid, ont fait savoir que l’UE s’en tiendra à la position exprimée par l’UA, c’est-à-dire que le format de la rencontre UA-UE comprendra l’intégralité des pays représentés au sein de l’UA et que des invitations pour participer audit sommet seront envoyées à ses 55 Etats membres.
De son côté, la RASD est bien décidée à ne pas se laisser priver de sa participation à ce Sommet, comme c’est son droit au même titre que tous les Etats membres de l’UA. C’est ce qu’a déclaré mercredi, à Alger, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek. Sans la RASD, «il n’y aura pas de Sommet entre Africains et Européens», a-t-il averti.
H. A.
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