Des personnalités menacées : vers des attentats ciblés en Europe ?
En France, peu de gens peut-être sont préparés à ce palier que le terrorisme, via Daech, vient de franchir en inscrivant sur la liste de ses cibles le nom du sélectionneur de l’équipe nationale de football, Didier Deschamps. La surprise a été certainement totale dans l’opinion publique française et plus précisément dans la masse des supporters des Bleus qui ne comprennent pas pourquoi une personnalité sportive du monde du football, en principe éloignée de la politique et des conflits militaires dans lesquels est engagée la France, se trouve menacé.
Les commentateurs des médias français, qui ont qualifié le terrorisme d’aveugle, sont contredits par cette information qui prouve que Daech et les groupes qui s’en revendiquent savent ce qu’ils font. Certes, ils n’hésitent pas à frapper dans le tas, «sans distinction», n’importe où et de façon imprévisible, pour terroriser au maximum, installer la peur et empêcher les simples gens de continuer à vivre «normalement», en les contraignant à abandonner leurs bonnes habitudes. Mais ils savent aussi choisir les cibles qu’ils mettent dans leur ligne de mire. Ils savent surtout que, dans ce cas, l’impact médiatique est encore plus étendu et plus destructeur comme le démontre la très large diffusion du photomontage et de l’information à propos de la menace qui l’accompagne.
La Coupe du monde, événement planétaire exceptionnel dont le rayonnement est démultiplié grâce aux technologies de l’information et de la communication, est tout à fait propice à la propagande de Daech, d’où les tentatives de ce groupe terroriste de l’entacher par des actions criminelles. Les menaces contre Lionel Messi et Didier Deschamps ont produit le formidable effet d’annonce que cherchait Daech. Comme en Algérie, l’acte d’accusation qui a conduit à la sentence qui a mis ces deux vedettes internationales sur la liste des cibles de Daech se résume à «ennemi de Dieu».
Doit-on s’attendre à des attentats ciblés en France et en Europe ? C’est-à-dire au même process qu’en Algérie dans les années 1990 quand les terroristes sont passés par toutes les formes de terreur : attaques contre les forces de sécurité, puis attentats à la voiture piégée, puis attentats ciblés (journalistes, universitaires, hommes politiques, etc.), puis massacres collectifs… avec une «prédilection» pour l’élite. On se rappelle que le terrorisme en Algérie n’a pas épargné l’élite qu’il a visée dès le début, en s’attaquant à elle dans tous les domaines, y compris le sport et en particulier le football. Les listes de personnes à abattre prouvaient qu’il s’agissait d’un véritable plan et non pas d’improvisation quotidienne.
En Algérie, par les assassinats de personnalités publiques et appartenant à l’élite, le terrorisme voulait atteindre un double objectif : les cibles étant très médiatiques, les assassinats contribuaient au travail de propagande à très vaste échelle de ces groupes criminels et, en même temps, il fallait priver le pays de ses compétences pour l’affaiblir et l’anéantir, d’autant plus que l’exode des cerveaux qui s’ensuivit a créé un vide dont l’Algérie continue de pâtir.
H. A.
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